Installation sur la base

L’installation sur la base.

          
                                          
                                                                                                                                                                  La base de DDU est une des plus anciennes bases scientifiques de l’Antarctique. Son histoire et sa description sont accessibles sur le site de l’IPEV dans les liens ci-contre. En gros, actuellement, elle est structurée autour d’un bâtiment qu’on appelle le séjour au centre, autour duquel sont installés certains laboratoires dont celui de la météo et le dortoir. Tous ces bâtiments sont reliés entre eux par     
 des passerelles qui ont deux utilités. D’une part un aspect sécurité, puisque on le verra plus tard, les conditions climatiques peuvent être très rudes, notamment en ce qui concerne le vent, et donc ces passerelles sont munies de rambardes auxquelles il faut parfois s’accrocher pour ne pas être emporté. D’autre part, la base est construite sur ce qui est devenu après sa construction dans les années 50, une réserve naturelle. Cette réserve est gérée selon les clauses du traité de l’Antarctique et donc le premier principe est que les animaux sont chez eux et qu’il faut le moins possible les gêner. Les passerelles enjambent donc les sites où vivent les animaux de façon à ne pas les déranger et les bâtiments eux-mêmes sont construits sur pilotis de façon à laisser la libre circulation aux animaux. Ceux-ci sont essentiellement des oiseaux marins et principalement des manchots Adélie. La preuve qu’ils ne se sentent pas gênés par notre présence, c’est qu’ils reviennent chaque année sur ces lieus où ils sont nés qui sont leurs sites de reproduction. C’est d’ailleurs la chose la plus surprenante ici quand on vient des autres endroits de la planète où partout les animaux craignent l’homme par-dessus tout. Ces animaux ne sont absolument pas farouches et nos deux mondes complètement imbriqués vivent en parfaite cohabitation. Ceci étant, chacun chez soi : nous avons nos zones et eux ont les leurs. Je reviendrai largement sur ces animaux qui sont également l’objet d’étude de nos biologistes et à qui nous donnons un coup de main de temps à autre contre quelques coups de becs.

Notre zone à nous, c’est nos lieux de vie et de travail, le premier étant notre chambre qui nous a été allouée pour l’année que l’on va passer ici.Petite, sobre, mais suffisante.                                                                                                                                      
J’aime le très large bureau qui permet de déposer tout un tas d’objets en attente d’utilisation, et surtout la vue fantastique vers le nord : La banquise et ses icebergs.                          
                                                                                                                                         Pas de sanitaires, ces derniers sont communs comme dans les colonies de vacances sauf pour le DISTA. Trois douches et trois wc dans le bâtiment 42 (dortoir) pour toute la population de la base et un wc au séjour. Sachant que l’on est au voisinage de 100 personnes durant l’été, cela paraît très peu au début, et puis on s’y fait, comme tout. Ce d’autant plus que nous faisons le ménage chacun notre tour, c’est le « service base », alors moins il y en a et mieux c’est au fond ! Certains sont à deux dans leur chambre exigüe car ils cohabitent avec leur prédécesseur qui partira plus tard, à R2 ou R3. Il faut un temps pour passer les consignes à la relève. Impossible pour eux de déballer toutes leurs affaires, elles restent popur la plupart dans les cantines qui encombrent le couloir.

Cette passation se fait aussi bien sûr à la météo ou durant la semaine d’escale de l’Astrolabe, nous sommes en double au travail pour se familiariser avec les méthodes et les procédures locales. Nous profitons vite de l’occasion pour faire la photo commune des deux équipes comme cela se fait depuis de nombreuses années puisque les météorologistes sont là depuis la création de la base en 1950. Ces photos sont affichées au mur de la salle d’exploitation et je reconnais ici et là des collègues qui m’ont précédé.

Et puis l’arrivée du bateau est toujours l’occasion de faire une fête, d’autant plus que c’est Noël. Champagne et repas amélioré et bien sûr un père Noël agrémente cette soirée bien sonore car personne ne ménage ses cordes vocales, on fait connaissance avec son voisin, on raconte la beauté du premier iceberg aperçu, les anciens nous parlent de mètres de neige, de centaines de km/h de vent, de thermomètres gelés. La tranquillité des hivernants est terminée jusqu’au départ du bateau à R4, nous sommes arrivés, nous les futurs hivernants, plus un premier lot de « campagnards d’été » qui sont là pendant l’été austral. Il y a un peu de tout, des scientifiques qui viennent temporairement sur le terrain de leur programme de recherche et des gens de la logistique, sans qui rien ne pourrait se faire ici.

                                                                                                                                                             Etant le 23 décembre, le jour est continu puisque nous sommes près du solstice d’été austral au-delà du cercle polaire Antarctique. Et le soleil brille toute la nuit, on a beau le savoir, c’est quand même surprenant mais nous ne sommes pas au bout de nos découvertes. Je ne résiste pas à l’envie de sortir en petite chemise antillaise en pleine nuit, cela ne fait que deux jours que je suis là, mais déjà accoutumé au froid, il ne fait que -2°C, c’est la canicule ! Du soleil toute la nuit ? Explication dans mon prochain article.