La préparation du séjour.

 Un tel séjour demande une longue préparation dans différents domaines.

 La première étape, qui intervient en début d'année de longs mois avant le départ, consiste en une visite médicale poussée suivie d'une évaluation psychologique. Un petit tiers des postulants est éliminé à l'issue. Comme la très grosse majorité de ceux-ci sont jeunes et en bonne santé, c'est plutôt la seconde phase des tests et entretien psy qui les inquiète. Moi j'en suis dispensé cette fois-ci, puisque j'ai passé avec succès cette épreuve en 2008 pour aller sur Kerguelen et que cette évaluation est valable dix ans. L'administration des terres australes et antarctiques Françaises (TAAF) dispose en effet à posteriori d'une connaissance pratique de l'hivernant : on suppose que si l'hivernage précédent s'est bien passé, c'est que le profil était bien le bon.
 Un simple conseil pour ces tests psy: être soi-même. C'est la meilleure recette, certains essaient de cacher des aspects de leur personnalité, mais c'est très difficile car la méthode fonctionne par recoupements et les pièges sont nombreux et bien cachés...

 Une fois franchie cette première étape qui aboutit à la sélection du candidat vers le mois de mai, il faut procéder à la préparation des baggages. Ceux-ci sont en effet acheminés très tôt vers Hobart par container, et tout doit être bouclé pour le début de septembre.

 C'est d'abord la course aux conseils fournis d'une part par les anciens, et d'autre-part par l'IPEV qui fourni une liste type. L'IPEV nous fournira de plus ultérieurement sur le bateau lors du voyage vers l'Antarctique un trousseau de matériel polaire qu'il faudra rammener au retour du séjour. Il faut donc prévoir de la place pour ces bottes polaires et autres doudounes très encombrantes. Un conseil : prévoir une cantine vide pour le retour que l'on place tout simplement dans une plus grande à l'aller.

 La troisième étape réside dans une formation professionnelle complémentaire adaptée. Plusieurs stages sur la météopole de toulouse permettent aux trois météos que nous sommes d'être parfaitement préparés aux matériels et conditions de travail sur place de façon à accomplir au mieux notre mission que je vous définirai précisément plus tard. Pour moi, c'est une formalité, les différences avec la mission aux Kerguelen étant faibles.

Et puis il y a le très attendu séminaire de l'IPEV qui se tient à Brest vers le mois d'octobre où nous sont dispensés bon nombre d'informations indispensables concernant notre séjour. Cinq jours durant lesquels nous avons aussi l'occasion de faire connaissance avec les membres de l'équipe avec laquelle nous allons passer ces longs mois isolés sur la glace au bout du monde. J'y apprends rapidement que je serai le doyen de l'expédition, la moyenne d'âge étant au voisinage de 31ans.
                                                                                               
 Après tout cela et bien, il s'agit de se mettre en attente du top-départ donné par l'IPEV qui doit nous ammener à Roissy pour l'embarquement dans l'aventure qui ne peut être fixé d'avance en raisons des aléas concernant les rotations de l'Astrolabe qui doit revenir nous chercher à Hobbart après sa première rotation sur DDU.

Je profite de ce temps pour dire adieu à mes précédents collègues ainsi qu'à la région de Lorient. La presse locale se fait l'écho de l'évènement puisqu'avec mon départ non remplacé, c'est une page qui se tourne : la station météorologique a été créée en 1952 et avait toujours été dirigée par un ingénieur de la météorologie Nationale devenue Météo-France ensuite.

 Le "Télégramme" du 18 novembre

                                                                        "Ouest France" du 2 décembre